samedi 19 janvier 2008

Nadrani et « L’Emir Ben Abdelkrim » Enfin c’est réalisé, le militant Nadrani accouche d’une seconde BD…

D’abord, c’était le périple des ordalies au tristement célèbre « le Complexe » avec « les Sarcophages du Complexe » et aujourd’hui son cadet est Rifain. Il est sur « la Guerre du Rif » avec le Grand Ben Abdelkrim et sa république. Ce juriste, fils de notable, fut d’abord l’un des premiers journalistes marocains, avant d’opter pour la voie des hommes libres et prendre les armes contre l’occupant espagnol. La BD retrace des pages de l’Histoire de la résistance avec les vaillants combattants rifains qui étaient armés en premier par leur conviction et leur détermination à ne pas fléchir devant un ennemi (la Couronne d’Espagne), une puissance impérialiste advienne que pourra sa force. L’auteur nous revient avec la Guerre du Rif avec l’épopée de « l’Emir Ben Abdelkrim » qui a préfiguré les expériences contemporaines de la lutte armée anticolonialiste de par le monde qui était une étincelle qui a allumé les champs de bataille et qui a rayonné les firmaments au-dessus des univers peuplés par les maquisards qui se sont soulevés pour affronter des ennemis colonialistes, c’est ce que Nadrani appelle une vraie légende en soulignant que « L’an 1920. Bien avant la guerre d’Indochine et celle d’Algérie, ce fut le début d’une vraie légende celle du premier mouvement de libération du XXe siècle ». (Planche – p.10) Avec « l’Emir Ben Abdelkrim », Nadrani nous montre l’ampleur du travail d’un grand dirigeant qui a sillonné la région de long en large pour réaliser le rêve du combattant convaincu : « D’Aït Youssef, famille influente de la tribu Aït Ouriaghel, surgit l’homme connu sous le nom du fqih Moulay Mohand. Celui que l’on surnomma bientôt le Lion du Rif, décida de parcourir le territoire, de village en village, de colline en colline, pour mettre fin aux rivalités des tribus et les rallier dans un mouvement de résistance. Et ce fut la glorieuse épopée de Mohamed ben Abdelkrim Al-Khattabi, dit Abdelkrim.» (Planche – p.10) En s’intéressant à la Guerre du Rif avec un langage très clair et très attachant, en l’occurrence l’image et la simplicité du style accessible aux personnes de tout âge, Nadrani peint les maquis, le paysage avec un décor authentique et les hommes (Amazigh) qui luttent avec âpreté et endurance contre les hommes du Général Manuel Fernández Sylvestre. Il nous ouvre l’œil sur notre histoire véridique et notamment sur cette guerre colonialiste qui a constitué une plateforme riche d’enseignements pour les peuples épris de liberté et qui ne sont pas différents de leurs aïeuls qui ont affronté O’Donnell et Marco Blanco del Valle dans la seconde moitié du XIXe siècle. A ce propos, des journalistes, qui ont couvert la guerre du Rif[1] pendant cette période, ne cherchaient pas de mots pour décrire la bravoure de ces Rifains qui ne sont que les parents et les grands-parents des combattants de l’Emir Ben Abdelkrim. En effet, plusieurs correspondants de journaux « l’Indépendance belge », «le Constitutionnel» , «la Patrie», «la Iberia», le «New York Daily Tribune» envoyés auprès de l’armée espagnole qui représentaient … ont suivi de très près ces vétérans et géniteurs de militants. Nous citons, à ce propos, l’article du New York Daily Tribune du 17 mars 1860[2] où Friedrich Engels a couvert les étapes de la guerre menée par les Rifains. Il a constaté que les Espagnols « sont au summum de leur force » et ils affrontent des Rifains qui « deviennent, de jour en jour, plus forts. » Il a affirmé que les difficultés rencontrées par O’Donnell prouvent que celui-ci ne s’attendait pas à de tels adversaires qui « combattent extraordinairement bien. » Sur le comportement de ces guerriers marocains, Friedrich Engels annonce : « […] Aux dires des Espagnols, les Maures sont très dangereux dans les ravins et les broussailles […] Mais, ici à Ceuta, c’est le monde à l’envers. Bien qu’ils aient la supériorité numérique, les Espagnols n’osent pas avancer […] il semble qu’il y ait une proportion inhabituelle de combats au corps à corps, au yatagan et à la baïonnette. Lorsque les lignes espagnoles sont suffisamment proches, les Maures cessent le tir et s’élancent poignard en mains, comme font les Turcs, et ceci n’est pas du goût des jeunes recrues espagnoles.» Ce témoignage d’Engels ne vient que renforcer les propos cités au nom des Rifains « Bravant les tirs des soldats retranchés sur les terrasses, Abdelkrim et ses héroïques combattants envahirent très rapidement la Casbah […] Mais, cette résistance était sans espoir : les derniers combats tournèrent au corps à corps à l’arme blanche… » (Planche-p. 54) La bataille d’Anoual (juillet 1921) a fait plus de 20000 morts dans les rangs de l’armée espagnole. Pendant deux ans, Ben Abdelkrim a tenu les montagnes du Rif et mis en place une véritable « république du Rif » (1921-1926) vécue comme un prélude à la libération de tout le Maroc et selon Nadrani « C’est le début d’une nouvelle ère, celle de la résistance et de la lutte anticoloniale et de l’affranchissement des peuples..» [1] La guerre a eu lieu du 25 novembre 1859, sous les murs de Ceuta, au 23 mars 1860 (la bataille de Oued al-Ras)[1]. SAADANI, AHMED, 2003, p.65. (Thèse intitulée « les comptoirs au Maroc 1830-1912 ») [2] New York Daily Tribune du 17 mars 1860

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