Les appels aux Amazighs du monde se multiplient pour unifier leurs rangs. Plusieurs associations du Maroc et de l’étranger souhaitent voir les dirigeants du Congrès mondial amazigh (CMA) oublier leur différend et prendre une voie commune. Certains appellent même au report de l’échéance prochaine prévue à Meknès. En fait, les Amazighs du monde préparent, en parallèle, deux congrès au nom d’une seule instance : le CMA. Le temps qui sépare ainsi les militants amazighs du jour du congrès, prévu fin de ce mois, ne fait que confirmer davantage la division entre les différentes tendances de ce Congrès. Les deux comités d’organisation ne veulent rien savoir. Chacun émet des communiqués rassurants sur le bon déroulement de la phase préparatoire.
Signé du vice-président du CMA, Khalid Zirari, un communiqué vient mettre en garde contre toutes les tentatives de semer la confusion et de prolonger les délais de la tenue du congrès à Meknès. Toutes les autorisations ont bel et bien été reçues. De leur part, ceux qui ont choisi le congrès de Tizi Ouzzou ont dénoncé «la fuite en avant, en délocalisant le 5ème Congrès du CMA sous prétexte de ne pas avoir reçu d’autorisation des autorités, avant même une quelconque réponse de celles-ci », considérant la démarche de leurs camarades d’hier, de « lâche ». Au niveau des deux clans, il y a lieu de trouver les deux nationalités marocaine et algérienne.
La scission relève du désaccord concernant le lieu du prochain Congrès. Mais, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les différends trouvent leur origine dans des enjeux organisationnels, avec en toile de fond des lectures politiques parfois artificielles. « L’envie de quelques membres de s’accaparer facilement le fauteuil du président les pousse à se mettre en porte-à-faux avec les règlements et statuts du CMA », a déclaré un membre du bureau exécutif du CMA.
Les membres du Congrès mondial amazigh (CMA) avaient au début de 2008 décidé d’organiser leur congrès en Kabylie, afin de consacrer une certaine alternance. La précédente édition ayant eu lieu à Nador, au Maroc. Seulement, l’Etat algérien avait apposé son refus catégorique à la tenue de cette manifestation sur son sol. Ce qui a contraint le CMA, présidé par l’Algérien Louès Belkacem, à revoir son agenda. Fin août, les membres du bureau du CMA ont tenu une réunion via Internet. Principal point à l’ordre du jour : choix du lieu du prochain congrès. Sept des dix membres réunis, auxquels les lois en vigueur offrent l’attribution de choisir le temps et le lieu du congrès, se sont mis d’accord sur le nom de l’une des quatre villes candidates, toutes marocaines, à savoir Meknès.
Surprise, un seul membre, Rachid Raha, avait voté pour une ville qui ne figurait pas sur la liste : la cité algérienne de Tizi Ouzzou.
Deux autres membres se sont abstenus. Mais le résultat de ce vote n’avait pas été respecté, Rachid Raha avait pris l’initiative d’appeler unilatéralement les associatifs amazighs marocains à se rendre en Algérie. Appel qui n’a pas été suivi, selon le président d’une association amazighe à Nador. « Ceux qui se rendront en Algérie sont des individus ne représentant aucune association marocaine ; le CMA est doté de structures qui ont, seules, le droit de décider », soutient-il. Dans tous les cas, la division paraît bel et bien consommée.
Nouri Zyad
source:
La dépêche de Kabylie
Édition du Mardi 23 Septembre 2008 N° 1923
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