Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué une chose : les Amazighs ont une capacité extraordinaire à se donner débilement en spectacle, à s’autoflageller et même à s’autodétruire. L’on dirait qu’ils détestent de voir leurs organisations fonctionner normalement et même bien. Pour preuve, tout le tohu-bohu inadmissible, insignifiant et presque absurde fait autour de la tenue du 5e Congrès mondial amazigh.
Rappel des faits : les assises du Congrès devaient se tenir normalement en Kabylie, mais le régime raciste algérien a refusé. Il faut savoir qu’il n’a même pas daigné, ce qu’en dit long sur ses sentiments envers les Amazighs, répondre à la demande d’autorisation formulée par les responsables du CMA. Sans forcément se bercer d’illusions, ceux-ci sont allées jusqu’à lui intenter un procès, mais en vain. De guerre lasse, ils ont décidé d’organiser leur Congrès à Meknès, au Moyen-Atlas.
Mais certains grands militants et non des moindres ne veulent rien savoir. Pour eux, il faut absolument les organiser coûte que coûte à Tizi Ouzou ou Begayt. En d’autres termes, il faut entrer dans une confrontation directe avec le régime sanguinaire des généraux. Avec tous les risques que cela implique. Ce qui n’est vraiment pas une attitude responsable. Et c’est le moins que l’on puisse dire.
Par ailleurs, ce qui est vraiment comique, c’est l’entrée en scène d’une certaine presse algérienne qui n’a jamais accordé la moindre importance aux Amazighs et encore moins à leur combat. Et ce, pour jouer sa propre partition. À savoir, le disque rayé du nationalisme arabo-baâthiste sur fond d’animosité historique entre les deux régimes amazighophobes d’Alger et de Rabat. Elle est même allée jusqu’à faire du président actuel du CMA, un Kabyle pur sucre, un vendu au Makhzen. Ce qui a fait rire plus d’un.
Disons les choses sincèrement. La Kabylie a et aura toujours une grande place dans nos cœurs. Mais sa situation sécuritaire actuelle ne lui permet aucunement d’accueillir les travaux du Congrès mondial amazigh. Surtout avec la présence attendue de plus 500 personnalités amazighes et étrangères. Imaginez un fou terroriste -Dieu nous en préserve!-, qu’il soit manipulé par le régime algérien ou non, qui se fait exploser au milieu des congressistes. C’est un risque que les Amazighs, même dotés de peu de bon sens, ne doivent en aucun prendre.
Ainsi, à titre personnel, le choix de Meknès apparaît tout à fait justifié et tout à fait raisonnable. Il faut impérativement arrêter cette polémique pour le moins pathétique faite autour du lieu du Congrès. Parce que, en continuant à se chamailler indéfiniment, le CMA perd beaucoup en crédibilité. Et sur la scène internationale, la crédibilité est un argument de taille, si ce n'est déterminant. Surtout lorsqu’on a une cause noble à défendre. Quant à la Kabylie, dès que sa situation s’améliorera, on y ira tous. Parce que la Kabylie, c’est la Kabylie, comme dirait l’autre.
Par Lahsen Oulhadj
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